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Les rois maudits.

Dernièrement, j’ai achevé un cycle de livres particulièrement passionnant à lire : Les rois maudits.

Kézako ?

Il s’agit d’une saga littéraire qui a connu un succès phénoménal à l’époque de sa sortie, et qui a valu à leur auteur, Maurice Druon (de manière anecdotique, neveu de Joseph Kessel) une véritable assise populaire, en sus de nombreuses récompenses officielles (Grand-croix de la Légion d’honneur, Commandeur des Arts et des Lettres, Médaille de la France libre, etc.). Il est également connu pour avoir participé à l’écriture des paroles du chant des partisans. Ce qui ne doit pas faire oublier pour autant certains remous polémiques concernant le personnage, avant que celui-ci ne disparaisse…

tome1 et 2 des Rois Maudits

Le roi de fer traverse le régne de Philippe le Bel, La Reine étranglée relate les débuts de règne de Louis X, son fils ainé, dont la femme de son premier mariage sera étranglée.

 

La trame

Publiée entre 1955 et 1977, adaptée à deux reprises en téléfilm (1972 et 2005), cette saga regroupe 7 tomes. Elle relate la chute de la branche royale française capétienne, du roi Philippe le Bel, puis sa descendance et petite descendance. Rois maudits, car il s’agit bien d’une malédiction. Le premier tome démarre très fort, avec la description du supplice des plus puissants templiers, condamnés au bûcher, par Philippe le Bel. Ceux-ci lancent alors, dans la violence de leur combustion, une malédiction sur le règne du « roi de fer » et de sa descendance. Hasard ou pas, ses 4 enfants (3 fils et 1 fille) se succéderont sur des trônes royaux, mais ne parviendront pas à assurer la continuité de leur dynastie directe, que ce soit en France ou en Angleterre, entraînant par là même la chute de la dynastie directe des capétiens. Et c’est cette même crise qui débouchera sur la terrible guerre de 100 ans, dont le septième et dernier volume relate les débuts douloureux pour la dynastie des Valois.

tome 3 et 4

tome 3, la loi des mâles, raconte la fin de rêgne de Louis X, qui meurt sans descendance. Le tome 4 relate sa succession par Philippe V le long, quelques peu cahoteuse…

Les 7 ouvrages :

  1. Le Roi de fer
  2. La Reine étranglée
  3. Les Poisons de la Couronne
  4. La Loi des mâles
  5. La Louve de France
  6. Le Lis et le Lion
  7. Quand un roi perd la France

Deux écritures différentes

Si tous les ouvrages s’inscrivent bien dans une même continuité logique, ils ne la retranscrivent pas du tout de la même manière. En fait, le dernier est clairement différent des 6 premiers, ce qui a de quoi déstabiliser lorsqu’on y arrive. Différent, car les 6 premiers ont comme fil conducteur les pérégrinations du comte Robert III d’Artois. Celui-ci est un comploteur, procédurier, manipulateur qui cherche par tous les moyens à récupérer son comté d’Artois au détriment de sa tante Mahaut. A cette intrigue de cour se mêle une multitude d’autres. Quand au septième ouvrage, on suit simplement le religieux Hélie de Périgord qui tente de négocier avec le roi de France, et qui nous relate les événements, à la première personne, de la période des débuts de la guerre de 100 ans. Ce qui tranche radicalement avec le ton des autres ouvrages.

tome 5 et 6.

La Louve de France, du tome 5, relate le régne du dernier fils en vie de Philippe le Bel, Charles IV. Sa soeur, reine d’Angleterre, va renverser le pouvoir anglais de son mari. Le « Lis et le Lion » voit la fin du règne de Charles IV… et les débuts de la guerre de 100 ans.

Pourquoi j’ai réellement accroché, et pourquoi vous pourriez accrocher !

A l’heure où les séries tel Game of Throne, Rome, The Tudors, Spartacus, Les Borgia ou encore Merlin cartonnent grâce a une forme de violence réaliste et historique, il est bon de se rappeler que parfois, rien ne vaut l’original : l’histoire avec un grand H ! Et c’est ce que nous démontre cette suite d’ouvrages parfaitement écrits, qui n’ont pas pris une ride. Ici même, en France, au cœur même du pouvoir, des hommes et des femmes ont lutté, pour des causes justes ou injustes, toujours inféodés à des intérêts personnels, parfois eux même mêlés à des intérêts plus globaux encore ; avec égoïsme et âpreté, ce qui les rend… terriblement humains. C’est donc avec brio que ce roman démontre encore une fois que ce sont les petites histoires qui font les grandes. Aucuns ingrédients propres à meilleures fresques historiques ne manquent. Amour, passion, trahison, adultère, envie et jalousie… Au détail près qu’à l’époque, les trahisons coûtent la vie, que les interrogatoires sont des tortures, et que les empoisonnements et les maladies provoquent la perplexité d’une cour crédule et terrifiée. Et c’est parce que la réalité dépasse bien les fictions, et que c’est parce qu’elle n’est pas maquillée dans des studios hollywoodiens qu’elle emporte ici le lecteur(trice) dans un roman fleuve passionnant où les luxes de détails sont proprement incroyables et nombreux, fruit d’un travail documentaire hallucinant. Tous les protagonistes notables ont réellement existé, et tous leurs faits racontés – des affaires de mœurs aux exécutions capitales principales – ont effectivement eut lieu. Là où l’auteur  a parfaitement su jouer son rôle, c’est qu’il a su sublimer le réel de par sa réinterprétation personnelle de la psychologie de ces personnes historiques. Il revisite à sa façon en imaginant les réactions les plus intimes et émotives des plus grands monarques du monde occidental, avec une grande précision et finesse d’esprit, qui parachève une toile parfaitement réaliste. Car les gouvernants d’aujourd’hui pourraient parfaitement être identiques dans ces rôles-ci, on mord à l’hameçon avec conviction. Il y a donc bel et bien des rajouts et des interprétations, et à commencer par la soi-disant  malédiction des templiers qui n’a aucun fondement historique. Mais on se délectera d’autant de ces ajouts, parfait simulateur de notre imaginaire à nous, lecteurs ! Car non seulement ces ajouts ne font que combler des infos qui de toutes façons n’existent pas, et enfin parce que ce puzzle créatif est au final juste remarquable de cohérence et de réalisme.

S’instruire en s’amusant.

L’impression après une telle lecture est qu’un vrai film s’est déroulé sous nos yeux, au détail près que tout a très bien pu se passer comme cela est décrit. Et c’est avec cette réalité tangible en tête qu’on se met à redécouvrir avec un intérêt très vif des pans entiers de l’histoire du royaume de France. J’insiste sur cette impression de réalisme, car je suis en général assez hermétique au fantastique.

Des adaptations cinématographique inégales.

Adapter ce genre de livre réaliste en film ou téléfilm doit relever de la gageure. Et pourtant, la télévision française s’y est essayé par deux fois : en 1972, qui consacre Jean Piat, dans le rôle de Robert d’Artois, et une autre fois en 2006. Les deux adaptations sont actuellement visibles sur Youtube :

La production de 1972 :

Le même tome, mais de la production de 2006 (en partie disponible) :

Sans avoir vu plus que le premier épisode de chaque adaptation, j’ai pour l’un et l’autre reproches et avantages :

– Pour la version de 1972, les moins : trop théâtralisé, peu, voire pas du tout de scènes d’extérieur, on étouffe un peu de par les scènes et les cadrages, alors qu’il s’agit d’une épopée. Les personnages parlent à la caméra. Bref, on est encore avec des codes du cinéma français de 1970, engoncés dans les codes de la comédie française alors qu’on est au cinéma. Le plus :
Pas de clinquant inutile, et tout repose sur des acteurs clés particulièrement charismatiques, qui collent aux descriptions des ouvrages. Jean Piat en Robert d’Artois y est indétrônable. Le classicisme du jeu théâtral confère, il faut  bien le reconnaître, du prestige aux personnages.

– Pour la version 2006 :  Philippe Torreton, très bon acteur au demeurant, doit interpréter un géant calculateur et fourbe ; Il ne peut pas rivaliser avec Jean Piat. Pareil pour Mahaut, malgré, là aussi, la très talentueuse Jeanne Moreaux, à la voix marquée et au caractère qui colle pourtant. Mahaut est une géante, c’est tout ! Et le roi de fer est meilleur aussi dans la version de 1972, finalement plus fidèle aux descriptions de l’ouvrage. Les plus sont en revanche des mises en scènes dans des cadres plus « nature », et des acteurs de second rôle qui frappent par un jeu de qualité là aussi, tel un Gérard Depardieu en chevalier du temple, ou un Jean-Marie Winling en parfait banquier Tolomei Spinnelo. On se départ aussi de cette assise théâtrale pour un jeu d’acteur plus fin et réaliste. En revanche, peut être desservies par des effets sonores encore très à la mode actuellement, mais qui seront certainement « has-been » dans une dizaine d’années…

Certes  des reproches faciles quand on a lu un bouquin où on se fait une idée des personnages, mais cela donne un ordre d’idée de la force d’imprégnation de l’ouvrage !



Un commentaire pour “Les rois maudits.”

  • Je me souviens avoir connue gamin la première adaptation (qui semblais déjà très vieille à l’époque) ma mère les regarder chaque année, je n’avais pas trop accroché (trop jeune et série trop vieille)mais comme tu dit c’est une histoire qui pourrai plaire aujourd’hui.

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